Relations interorganisationnelles : conceptualisation, résultats et voies de recherche
By: FORGUES, Bernard.
Contributor(s): FRÉCHET, Marc | JOSSERAND, Emmanuel.
Material type: ArticlePublisher: Paris : Lavoisier, mai 2006Revue Française de Gestion 32, 164, p. 17-32Abstract: Lévolution dans la manière de concevoir les organisations, depuis la vision rationnelle du management scientifique jusquaux systèmes ouverts, a progressivement déplacé lintérêt des chercheurs de lintérieur de lorganisation vers une appréhension plus large englobant lorganisation et son environnement. Environnement et organisation peuvent alors se concevoir comme deux réifications sentre-défi- nissant (Drazin et Sandelands, 1992). Très concrètement, accepter que lenvironnement rassemble, sous une dénomination vague, une multitude dorganisations soulève de nouvelles questions qui induisent un glissement de lattention vers le niveau interorganisationnel. À un niveau danalyse interorganisationnel, lobjectif principal de la recherche est de comprendre les relations et interactions à lintérieur dagrégats dorganisations (secteurs, industries, populations, champs, etc.), voire entre agrégats dorganisations (Baum et Rowley, 2002). On peut définir ces relations interorganisationnelles comme des liens, nourris à la fois socialement et économiquement, entre organisations ; peut-être devrait-on dire entre individus agissant pour le compte de leur organisation. De tels liens supposent donc que se noue un type déchange qui déborde le cadre de la simple transaction de marché. Les relations interorganisationnelles répondant à la fois à une logique économique et à une logique sociale, les approches mobilisées pour les étudier reflètent bien évidemment cette diversité et sont donc multiples. Dans le foisonnement des recherches, il est toutefois possible de distinguer quelques grandes logiques. Deux dentre elles ont retenu notre attention. La première relève dune approche que lon peut qualifier de fonctionnaliste, tandis que la deuxième met davantage en évidence la dimension dialectique des relations interorganisationnelles. Adoptant une approche fonctionnaliste, Galaskiewicz (1985) distingue trois « arènes » dans lesquelles sexercent les relations interorganisationnelles. La première arène concerne lobtention des ressources : quand bien même elles préféreraient être indépendantes, les organisations sont contraintes de nouer des relations pour obtenir des ressources. Les recherches ici se sont essentiellement intéressées aux problèmes de la dépendance et de la gestion de lincertitude. La deuxième arène regroupe les relations marquées par leur enjeu politique, comme par exemple le lobbying. Si ces relations constituent une réalité sociale et économique indiscutable, elles nont fait lobjet que dun nombre très limité de recherches en management. Enfin, larène de la légitimation relève du domaine des buts ou du fonctionnement de lorganisation. Une manière daccroître sa légitimité peut consister à sidentifier avec des organisations perçues comme légitimes ou représentant des symboles culturels forts. La lecture fonctionnaliste positionne linterorganisationnel comme élément clé dans la connexion entre stratégie et organisation. Les contours des disciplines sy estompent. Des approches managériales sur les compétences clés et les capacités stratégiques aux travaux fondateurs sur la dépendance des ressources, la stratégie devient une capacité à penser larticulation des ressources et compétences. Linterorganisationnel est donc au coeur de la constitution dun avantage concurrentiel, lequel peut dailleurs être celui de lorganisation mais aussi celui dagrégats plus larges. Toutefois, si linterorganisationnel peut difficilement se concevoir sans intégrer une grille de lecture fonctionnaliste du type de celle présentée par Galaskiewicz (1985), la construction dun avantage sappuyant sur lune ou plusieurs des trois arènes ne va pas de soi. Linterorganisationnel est en effet marqué par des tensions fondamentales comme celles opposant la coopération et lindividualisme, le partage et lépreuve de force, la confiance et lopportunisme, ou encore le formel et linformelLévolution dans la manière de concevoir les organisations, depuis la vision rationnelle du management scientifique jusquaux systèmes ouverts, a progressivement déplacé lintérêt des chercheurs de lintérieur de lorganisation vers une appréhension plus large englobant lorganisation et son environnement. Environnement et organisation peuvent alors se concevoir comme deux réifications sentre-défi- nissant (Drazin et Sandelands, 1992). Très concrètement, accepter que lenvironnement rassemble, sous une dénomination vague, une multitude dorganisations soulève de nouvelles questions qui induisent un glissement de lattention vers le niveau interorganisationnel. À un niveau danalyse interorganisationnel, lobjectif principal de la recherche est de comprendre les relations et interactions à lintérieur dagrégats dorganisations (secteurs, industries, populations, champs, etc.), voire entre agrégats dorganisations (Baum et Rowley, 2002). On peut définir ces relations interorganisationnelles comme des liens, nourris à la fois socialement et économiquement, entre organisations ; peut-être devrait-on dire entre individus agissant pour le compte de leur organisation. De tels liens supposent donc que se noue un type déchange qui déborde le cadre de la simple transaction de marché. Les relations interorganisationnelles répondant à la fois à une logique économique et à une logique sociale, les approches mobilisées pour les étudier reflètent bien évidemment cette diversité et sont donc multiples. Dans le foisonnement des recherches, il est toutefois possible de distinguer quelques grandes logiques. Deux dentre elles ont retenu notre attention. La première relève dune approche que lon peut qualifier de fonctionnaliste, tandis que la deuxième met davantage en évidence la dimension dialectique des relations interorganisationnelles. Adoptant une approche fonctionnaliste, Galaskiewicz (1985) distingue trois « arènes » dans lesquelles sexercent les relations interorganisationnelles. La première arène concerne lobtention des ressources : quand bien même elles préféreraient être indépendantes, les organisations sont contraintes de nouer des relations pour obtenir des ressources. Les recherches ici se sont essentiellement intéressées aux problèmes de la dépendance et de la gestion de lincertitude. La deuxième arène regroupe les relations marquées par leur enjeu politique, comme par exemple le lobbying. Si ces relations constituent une réalité sociale et économique indiscutable, elles nont fait lobjet que dun nombre très limité de recherches en management. Enfin, larène de la légitimation relève du domaine des buts ou du fonctionnement de lorganisation. Une manière daccroître sa légitimité peut consister à sidentifier avec des organisations perçues comme légitimes ou représentant des symboles culturels forts. La lecture fonctionnaliste positionne linterorganisationnel comme élément clé dans la connexion entre stratégie et organisation. Les contours des disciplines sy estompent. Des approches managériales sur les compétences clés et les capacités stratégiques aux travaux fondateurs sur la dépendance des ressources, la stratégie devient une capacité à penser larticulation des ressources et compétences. Linterorganisationnel est donc au coeur de la constitution dun avantage concurrentiel, lequel peut dailleurs être celui de lorganisation mais aussi celui dagrégats plus larges. Toutefois, si linterorganisationnel peut difficilement se concevoir sans intégrer une grille de lecture fonctionnaliste du type de celle présentée par Galaskiewicz (1985), la construction dun avantage sappuyant sur lune ou plusieurs des trois arènes ne va pas de soi. Linterorganisationnel est en effet marqué par des tensions fondamentales comme celles opposant la coopération et lindividualisme, le partage et lépreuve de force, la confiance et lopportunisme, ou encore le formel et linformel
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